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« La France doit demander à Israël de permettre aux journalistes palestiniens travaillant pour les médias français de pouvoir quitter Gaza et y revenir »

En deux mois de guerre, plus de soixante reporters et professionnels des médias ont été tués à Gaza, selon la Fédération internationale des journalistes. C’est un par jour. Un par jour. Chaque matin, la question est la même : qui sera le prochain ? Est-ce que ce sera Hassan, Mai, Rami ? S’agira-t-il d’un photographe de l’AFP, d’un fixeur de Radio France, d’un caméraman de France 24 ou d’un collaborateur des journaux Le Monde, Le Figaro ou Libération ?
Les images, les reportages, les témoignages sur la guerre actuelle à Gaza proviennent de quelques journalistes palestiniens d’expérience qui ont maintenu dans les moments les plus difficiles que l’on puisse imaginer les plus hauts standards des grandes rédactions internationales.
Ces journalistes ne sont pas des machines de guerre mais des êtres humains. Ils travaillent, doivent prendre soin de leur famille, tenter eux-mêmes de survivre, à l’heure où Gaza connaît les bombardements les plus intenses de son histoire.
C’est une guerre sans vraie zone de repli, sans endroit parfaitement sûr, où les reporters et leurs familles font face aux mêmes risques. D’ailleurs, rarement, sinon jamais, dans l’histoire du journalisme n’a-t-on vu les reporters couvrant un conflit faire eux-mêmes partie des populations déplacées par ce conflit.
Certains des journalistes travaillant aujourd’hui pour les médias français à Gaza dorment dans des tentes. Oui, dans des tentes. Chaque matin, ils se demandent si eux et leur famille se rendront au soir. Pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent quitter Gaza. Le seul point de sortie, celui de Rafah, à la frontière égyptienne, leur est fermé.
Depuis le début de la guerre, les ressortissants étrangers ont pu quitter Gaza, mais la porte de Rafah est fermée pour les employés palestiniens des médias français sur place. Et, pourtant, il suffirait probablement d’un coup de fil. D’un appel du président Emmanuel Macron au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Les Américains l’ont fait. Ils ont demandé que les journalistes travaillant pour leurs médias nationaux à Gaza puissent quitter, prendre une pause et mettre à l’abri leur famille. La France peut le faire. La France doit le faire. Il y va de notre responsabilité collective.
Nous, journalistes occidentaux, demandons généralement l’accès au terrain, aux zones de conflit, pour en témoigner. Mais nous savons toujours qu’au terme de notre mission nous pourrons normalement rentrer chez nous. Nos collègues de Gaza n’ont pas ce luxe. Alors, M. Macron, s’il vous plaît, n’attendez pas qu’il soit trop tard. Décrochez le combiné et dites simplement : « Ouvrez-leur la porte de Rafah ! »
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